21 août, 2017

Demandez à n’importe quelle personne tatouée et elle vous dira que chaque tatouage a une signification. Néanmoins, on peut dire que la brève inscription à l’encre que porte Graeme Holdsworth a un sens particulièrement profond.

L’histoire de Graeme : la dépression ne fait pas de discrimination
Histoires vraies
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Demandez à n’importe quelle personne tatouée et elle vous dira que chaque tatouage a une signification. Néanmoins, on peut dire que la brève inscription à l’encre que porte Graeme Holdsworth a un sens particulièrement profond. Le mot Anicca, qui signifie en sanskrit « impermanence », se cache sous la montre qu’il porte au poignet gauche.
 
« J’y jette un coup d’œil chaque fois que j’ai besoin de me rappeler que les choses qui arrivent à un moment donné ne dureront pas. »
 
Ce simple mot qui rappelle de vivre l’instant présent peut sembler étonnant pour cet architecte et gestionnaire de projet à la retraite qui a passé la majeure partie de sa vie à planifier des projets de plusieurs millions de dollars. Cependant, pour cet homme qui avait l’habitude de performer, un tel rappel à la réalité est très important.
 
« J’ai été le premier membre de ma famille à obtenir un diplôme universitaire, le premier à représenter Victoria sur la scène sportive et le premier à sombrer dans la dépression et à faire une tentative de suicide. »
 
Cet aveu est d’autant plus troublant venant de l’homme assis à la table de cuisine qui a l’air encore tout à fait capable de manier l’aviron sur un surfboat. Toutefois, Graeme insiste pour dire que sa situation n’est pas inhabituelle.
 
« Le mythe voulant que la dépression soit attribuable à une faiblesse ou à défaut de caractère fait en sorte que beaucoup de gens croient qu’elle ne touche jamais les personnes qui semblent réussir dans la vie.
 
« En réalité, la dépression ne fait pas de discrimination.
 
« Et, ajoute-t-il, elle ne disparaît pas non plus parce qu’on se fait dire, comme cela a été mon cas, “ prends-toi en main ” et “ passe à autre chose ”.
 
« La dépression est une maladie qui m’a coûté mon mariage et ma carrière et qui a failli me coûter la vie… c’est difficile de trouver pire. »
 
Donc, comment les choses en sont-elles venues là? Graeme avoue que pendant longtemps personne ne voulait admettre vivre des difficultés, lui le premier.
 
« J’avais toujours l’impression que ce n’était pas le bon moment ni l’endroit pour aborder le problème, pour en parler. »
 
Il s’empresse aussi de déboulonner un autre mythe qui selon lui favorise le silence, particulièrement au travail. En effet, on croit que la dépression est simplement une incapacité à supporter le stress.
 
« On a cette impression parce que la dépression vous prive de votre capacité à gérer le stress aussi efficacement qu’avant. »
 
Cela fait ressortir un problème plus important. Malgré le fait que la dépression touche plus d’un million d’Australiens et que deux millions d’autres souffrent d’anxiété, la plupart d’entre nous craignent encore de s’exprimer.
 
Graeme n’insiste pas sur sa tentative de suicide. Il se sert plutôt de ce sujet pour expliquer comment il a repris sa vie en main.
 
« Heureusement, j’ai été sauvé. Durant les années qui ont suivi, avec l’aide de mon médecin, d’un psychologue et d’une clinique de psychiatrie, j’ai reçu un traitement efficace. »
 
Maintenant, Graeme partage son expérience en présentant des conférences pour aider d’autres personnes à vaincre la dépression.
 
« Je dis aux gens qui se sentent déprimés ou anxieux de ne pas avoir honte et de demander sans tarder de l’aide à leur médecin ou à un professionnel de la santé mentale.
 
« Il est tout aussi important de ne plus avoir peur d’amorcer une conversation lorsqu’on a des inquiétudes au sujet d’un membre de la famille, d’amis ou de collègues de travail.
 
« Par exemple, si une personne qui avait l’habitude de participer à des activités sociales semble avoir disparu de l’écran radar, prenez le téléphone pour lui demander si tout va bien. »
 
Sept ans plus tard, on peut dire que le fait que Graeme ait été sauvé du suicide a changé sa vie.
 
« J’ai appris à être patient, à ne pas être trop exigeant envers moi-même lorsque les choses ne fonctionnent pas et, avec l’appui de mes voisins extrêmement indulgents, j’apprends aussi à jouer du piano. »
 
On aperçoit d’autres signes du rétablissement de Graeme dans sa salle à manger.
 
« La dépression est une maladie mentale, mais elle se manifeste physiquement sous différentes formes. L’exercice est donc important pour la déjouer.
 
« Après que des douleurs à l’épaule m’ont tenu à l’écart de la natation, je me suis mis au vélo et je ne l’ai jamais regretté. »
 
En effet, Graeme est désormais si présent dans le milieu du cyclisme que l’équipe du magasin de bicyclettes de son quartier est devenue une famille de substitution pour lui, une famille qui prend soin des siens, comme il a pu le constater.
 
« Quand une semaine passe sans que j’aille au magasin, quelqu’un m’appelle pour parler et vérifier si tout va bien. »
 
En ce sens, Graeme Holdsworth n’est pas simplement un exemple montrant que l’on peut guérir de la dépression et prévenir le suicide, il est la preuve vivante de l’importance de prendre soin les uns des autres.
 
« Bien que je ne souhaite à personne de vivre une telle expérience, j’en suis sorti en étant une bien meilleure personne », dit-il.
 
« Je suis heureux d’avoir la chance de vivre une vie plus satisfaisante et j’ai beaucoup appris sur moi-même et sur les autres. »
 
Il semble bien que son tatouage soit le seul changement permanent.
 
 
 

Les gars, il faut qu’on parle.

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