27 septembre, 2012

Fabian Sfameni est coiffeur pour hommes. Nous voulons vous le présenter et vous raconter son histoire, car il est l’un des visages de Movember 2012…

La sagesse des générations
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Fabian Sfameni est coiffeur pour hommes. On disait autrefois barbier. Comme il est l’un des visages de Movember 2012, nous voulons vous le présenter en bonne et due forme (ce n’est que politesse) et vous raconter son histoire, son appartenance à l’entreprise familiale et l’importance du savoir et des apprentissages transmis d’une génération à l’autre. Son grand-père était coiffeur pour hommes, son père aussi. Ce sont ces liens qui ont façonné l’homme qu’il est devenu. Lis, mon fils.

Qu’est-ce qui vous a fait choisir la coiffure pour hommes?
On est coiffeur pour hommes de père en fils dans ma famille. Cela allait pas mal de soi que je suive ces traces. Papa nous emmenait travailler au salon, balayer le plancher et encaisser l’argent des clients. Il bossait seul, sans relâche. Il était normal d’aller l’aider.  

Il souhaitait que l’un de ses enfants suive ses traces et devienne aussi coiffeur pour hommes. De ses trois enfants, j’étais celui qui aimait le plus son métier; j’aimais beaucoup aussi le brouhaha des conversations au salon. Je voyais bien que mon père adorait son travail et j’ai simplement grandi dans ce contexte. Mon grand-père et mes oncles étaient coiffeurs pour hommes eux aussi, ma passion s’est donc développée très tôt. Je coupais les cheveux de tous mes amis dans le garage où des salamis pendaient du plafond et où l’on gardait les tomates, ce qui me gênait beaucoup. Je décrochais les salamis et mon père, très ennuyé, me répétait : « Veux-tu bien les laisser à leur place! ». À l’époque, j’avais seulement 15 ans et je coupais les cheveux à la militaire, dégradés au rasoir. Papa venait dans le garage et me disait : « Hé fiston, ce n’est pas comme ça, regarde ce qu’il faut faire! ». Il m’apprenait le métier.

J’ai travaillé avec mon père un certain temps, mais nous ne nous entendions pas toujours à ce moment-là… Son salon ne me paraissait pas assez à la mode, mais maintenant je me rends compte qu’il l’était, en fait… On y fonctionnait à l’ancienne, et mon père m’y a appris l’importance du service à la clientèle et les techniques qu’il avait perfectionnées. Je tenais beaucoup à l’époque à faire preuve d’indépendance et comme il y avait un seul salon de coiffure pour jeunes hommes en ville, j’ai décidé d’ouvrir mon propre salon à Richmond. Je voulais en faire un salon haut de gamme, un bel endroit à fréquenter et papa était fier que je me débrouille par moi-même. Ce salon a débordé d’activité pendant 10 ans.

Quelles leçons de vie avez-vous apprises en suivant ainsi les traces de votre père?
La famille est importante. Je suis le fils de mon père et j’ai choisi la même profession que lui, comme il l’a fait en choisissant le métier de mon grand-père. La vie, la famille, la coiffure pour hommes ont toutes beaucoup d’importance à mes yeux.

Mon père m’a beaucoup enseigné sur la façon de traiter avec le public. Il est très difficile de tenir un bon commerce de détail. Il faut aimer vraiment les gens et c’est ce que mon père m’a appris dans la vie : comment se montrer poli et donner un bon service à la clientèle. En travaillant avec lui quand nous étions jeunes, nous avons vu comment il veillait avec un soin jaloux sur ses clients pour s’assurer leur fidélité. C’est cependant la vieille façon de faire, à la manière de son père avant lui. Mon paternel me parle toujours de cet aspect disparu maintenant, de sa déception de voir le manque d’attention qu’on réserve maintenant aux clients dans la plupart des salons de coiffure pour hommes. Voilà ce que mon père m’a véritablement transmis. De toujours en faire un peu plus… Parce que j’aime ce que je fais et que j’aime voir mes clients s’arrêter pour parler un peu; je ne veux pas m’épuiser pour autant. Il est important de donner le meilleur service possible, comme mon père me l’a enseigné, parce que toute personne qui se fait couper les cheveux est finalement ma publicité ambulante.

Papa me disait toujours : « chaque tête est la toile sur laquelle tu t’exécutes ». Si tu travailles de ton mieux, les gens le verront et demanderont : « Qui t’a coupé les cheveux? » La meilleure publicité d’un coiffeur pour hommes est le client qui quitte son salon. Mon père n’a jamais, pour cette raison, fait de compromis sur la qualité et j’ai vraiment tiré une leçon de ça. Il continue d’ailleurs de me mettre au défi, me demandant toujours le meilleur encore aujourd’hui… On ne cesse jamais d’apprendre! Et je lui dis : « c’est une question de qualité, papa, pas de quantité… » Et il me répond : « … mon fils, les deux vont de pair! ». C’est en partie pour cela que je lui voue beaucoup de respect.

Quel a été son meilleur conseil au fil des ans?  
Toujours être honnête, traiter tout le monde avec respect et toujours donner le meilleur service, ne jamais exploiter le client… il a toujours dit : « demande un prix qui soit le reflet de ta valeur ». Ce conseil vaut d’ailleurs dans la vie en général : travaille avec ardeur et tu seras récompensé. L’un de ses conseils les plus précieux est, je pense, de ne pas s’épuiser.

Portez-vous la moustache depuis longtemps?
C’est Movember qui m’a incité à porter la moustache il y a sept ans environ. J’en porte une depuis la première année de ma participation. Mes enfants ne me connaissent pas vraiment sans moustache maintenant. J’aime beaucoup quand un gars bien habillé entre au salon pour se faire tailler la moustache. Papa a toujours porté la moustache aussi. J’ai de très belles photos de lui avec la moustache il y a bien longtemps et il la portait très bien!

Je vois un gars bien mis, soucieux de son apparence, un gars avec une belle moustache entrer dans mon salon et je sais tout de suite qu’il a à cœur tout ce qu’il fait. J’aime rencontrer des gens passionnés, quel que soit leur métier, parce que je sais que la vie les passionne tout autant.