J'ai entendu parler de Movember pour la première fois à la radio locale. Ayant appris le concept en onde, je trouvais géniale et originale l’idée de se laisser pousser la moustache pour attirer l’attention sur une cause. C'était il y a dix ans, en 2013. De plus, j’étais impressionné d’apprendre qu’un organisme se consacrait à améliorer un aspect de la santé qui touchait uniquement les hommes; la prostate. Par contre, n’ayant jamais vraiment été en contact avec des gens touchés par ce cancer, j’étais moins interpelé auparavant.C’est en 2013 que j’ai appris que Movember ajoutait des cordes à son arc, dont la lutte contre le cancer testiculaire dans son plan de financement. Ce fut l’élément déclencheur pour moi.
L’homme le plus important dans ma vie c’est mon père, Simon; un combattant, un débrouillard, un survivant et surtout, un père exceptionnel. Alors que je n’avais que 6 ans, en 1988, mon père Simon alors âgé de 33 ans a reçu un diagnostic de cancer testiculaire avec métastases. Il faut savoir que Papa avait lui-même perdu son propre père (duquel je tiens mon nom « Billy ») à l’âge de 6 ans! Papa s’est fâché. Il a combattu, suivi les traitements prescrits, souffert mais il a survécu.
« Il n’était pas question que mon fils grandisse sans un père. Moi je l’ai vécu, pas mon fils.» Chaque fois où je lui ai demandé de me raconter l’histoire, ça se résumait à ça.
C'est pourquoi je reviens toujours à Movember année après année. C’est ma façon de remercier la science. Mon père je le remercie très souvent et je lui montre que je l’aime chaque fois qu’on se parle ou qu’on se voit. Mais, la science issue de la recherche, c’est abstrait, c’est différent. Je veux soutenir les chercheurs et chercheuses qui sauvent des vies comme celle de mon père. Le meilleur moyen c’est de leur trouver de l’argent pour qu’ils puissent continuer.
Ce n'est qu'à l'âge de 40 ans que l'un des domaines de cause de Movember m'a touché personnellement. En 39 ans, j’ai toujours senti que j’étais très solide mentalement. J’ai la prétention de croire que ma famille et mes amis ont toujours su que j’étais le gars sur qui tu peux compter pour vrai. Pas la personne qui offre vaguement son aide mais celui qui va mettre son cadrant à 6 h le samedi pour t’aider à déménager en catastrophe sous la pluie; celui qui va annuler sa soirée de chums pour aller te prendre dans ses bras et trouver un plan pour qu’on te remette sur tes pieds. Un « tough », un roc sur qui on peut s’appuyer.
C’est à 40 ans que la vie m’a donné une bonne leçon d’humilité. Le roc s’est brisé le 14 février 2022 dans la nuit. J’ai été balayé par une solide dépression; j’ai appris qu’à vouloir tout faire tout seul comme si personne ne ferait mieux que toi, tu t’uses.
Tu t’égraines doucement, subtilement, et un jour tu te retrouves en miettes sans comprendre ce qui t’est arrivé.
Ça m’a pris 8 mois à reconstruire les morceaux avec beaucoup d’aide, de patience et de stratégies. C’est la chose la plus difficile que j’ai eu à faire dans ma vie. Pendant cette période de lutte, je me suis tournée vers ma fiancée, Claudi-Anne. Elle m’a secouru quand j’étais au plus bas, littéralement par terre. Elle s’est donnée sans compter, m’a offert tout l’espace et l’aide dont j’avais besoin tout en respectant l’homme que je suis.
Aujourd’hui, je suis tout à fait fonctionnel et j’amorce bientôt la réduction graduelle de ma médication pour la cesser complètement. Quand je sens du « mauvais » refaire surface en-dedans, je parle à ma conjointe, à mes parents, à un de mes amis proches ou encore je parle tout seul en m’adressant à mon grand- père décédé. Ça peut paraître étrange mais pour moi, ça fonctionne très bien.
Je parle beaucoup de santé mentale depuis ma dépression. J’essaie d’être un livre ouvert sur le sujet pour laisser tout l’espace à ceux qui seraient gênés d’en parler sinon. Ce faisant, je me rends compte du nombre alarmant de personnes autour de moi qui souffrent mentalement alors que personne n’était au courant.Je ne sais pas précisément, mai la crainte de paraître faible, le « machisme » semble se mettre en travers. J’essaie d’amener ces gens à jaser avec moi et chasser la peur d’être stigmatisé.
Mon message aux autres hommes concernant leur santé ? Prenez-la au sérieux. Les gens que vous essayez d’impressionner ne seront pas là pour vous soutenir quand vous serez brisés. Juste ceux qui vous aiment.