En 2013, Éric Martel-Bahoeli était au sommet de sa carrière de boxeur. Avec trois victoires par K.O. et un titre de champion poids lourd canadien, il enchaînait les succès — remportant des combats, décrochant des commandites majeures et bâtissant sa réputation parmi les meilleurs boxeurs du pays. Mais cinq ans plus tard, les gants étaient accrochés pour de bon. Éric avait pris sa retraite, et le sport qui l’avait défini ne faisait plus partie de sa vie.
L’arrêt brutal de sa carrière a laissé Éric désemparé. Être boxeur n’était pas simplement ce qu’il faisait, c’était ce qu’il était. Perdre cette identité l’a plongé dans une spirale. « Tout à coup, à mes yeux, je n’étais plus rien », dit-il. Aujourd’hui âgé de 43 ans et vivant au Québec, Éric décrit ces années comme parmi les plus sombres de sa vie. La dépression l’a envahi, apportant des pensées négatives et même des idées suicidaires. « On réalise qu’on a besoin d’aide quand les pensées deviennent aussi noires », explique-t-il.
Cette aide est arrivée sous une forme inattendue : un ami l’a invité à rejoindre une équipe Movember. L’invitation n’était pas anodine — Éric avait parlé publiquement de ses problèmes de santé mentale, et son ami savait que la cause le toucherait. Le public voyait un ancien champion de boxe — fort, résilient, inébranlable — mais Éric menait un combat bien plus grand. « Même s’il tombe, il se relève », dit-il à propos de l’image qu’il projetait. « Mais maintenant, ce n’est plus un simple combat de boxe. C’est ma vie. »
Éric se retrouvait piégé dans un cycle d’isolement et de désespoir. Mais il a commencé petit. Il s’est accroché à une simple devise : Gagner la journée. Chaque fois qu’il arrivait à sortir du lit, aller courir, ou simplement parler à quelqu’un de ce qu’il ressentait, c’était une victoire.
Courir est devenu sa nouvelle échappatoire. Ce petit pas vers la guérison s’est transformé en passion. Cette dynamique a influencé d’autres aspects de sa vie : il a rencontré une femme, fondé une famille, acheté une maison et est devenu père d’une magnifique petite fille. Aujourd’hui, Éric s’est donné un nouvel objectif : vivre jusqu’à 100 ans — avec une clarté mentale intacte et une passion toujours vive. Ce ne sont plus les titres ou trophées qui comptent, mais le bien-être et le bonheur.
Éric vit selon les mots de Muhammad Ali : Aider les autres pour s’aider toi-même. Que ce soit en partageant son histoire ou en soutenant Movember, il trouve une guérison dans le fait de servir. « Plus j’aide les autres, plus je m’aide moi aussi », dit-il. Les victoires ont désormais une autre allure, hors du ring. Ce n’est plus une question de coups portés — c’est une question de présence, de prise de parole, et de choix de continuer. Un jour à la fois.