Je suis né avec une maladie auto immune pour faire une histoire pas trop longue parce qu'il y aura pas assez de papier dans l'article, qui s'appelle la polyendocrinopathie, une maladie des glandes endocrines et ça c'est à la naissance. Donc ça c'est cinq glandes qui peuvent être attaquées par ma maladie, puis moi, il y en a trois en ce moment-là donc l'appareil thyroïde, la surrénale et le pancréas. Je suis diabétique de type1. Je veux pas avoir l'air larmoyant mais j’ai pas connu la vie étant pas malade.Je suis pas devenu malade un moment donné ou eu un cancer ou j'ai dû faire des traitements, et après ça une rémission ou quoique ce soit, ça toujours fait partie de ma vie. Donc mon parcours est teinté de ça. C'est sûr que j'en parle dans mes shows. C'est sûr que ça teinte mon observation de la vie, ça teinte l'urgence de vivre, peut-être un peu plus que certaines personnes. Et puis j'ai toujours été d'en parler, puis d'en rire. Ça a toujours été quelque chose de très important. Parce que justement, dédramatiser, mais pas nécessairement d'enlever l'importance à mais de rire des choses. Chez nous, on riait beaucoup de tout. L'humour, ça a toujours été une façon de faire passer les messages, peut-être même enlever un peu de pression pour tout le monde.
Honnêtement, y’a aussi le fait que j’ai toujours eu le fantasme d'avoir une moustache dans vie. J'aurais aimé ça pouvoir me fait pousser une moustache pendant le Movember. Pis j'ai pas ce luxe là. Alors je me suis dit qu'est ce que je peux faire? Je faisais un show au Club Soda, J'avais envie que les gens viennent pour une bonne raison et pour le show. Puis c'est un beau petit clin d'œil sur le fait que bon, je ne porte peut-être pas de moustache, mais je suis capable de faire des jokes avec ça, pourquoi pas mélanger les deux!
Souvent, nous les gars, même si on est d’une autre génération, on a toujours cette pression d'être stoïque. Les mecs prennent souvent beaucoup sur leurs épaules, on se referme sur soi, on veut avoir l'air fort, même si on n'est plus à l'époque de nos parents qui coupaient du bois et tout ça. Le genre d'hommes qui ne se plaignent pas et ne pleurent pas. Un homme qui ne dit pas quand ça fait mal. Mais il faut en parler ! Les hommes ont besoin de se sentir à l'aise pour parler lorsqu'ils ne se sentent pas bien, dans tous les sens du terme.
En parler me fait me sentir invincible. Et donc j'ai nommé mon show d'humour juste comme ça - Invincible. Tu sais, j'ai toujours eu beaucoup de limitations dans ma vie, des choses qui fait en sorte que j'avançais pas à la même vitesse que tout le monde pour différentes raisons. Mais d'un autre côté, ça m'a rendu très très résilient. Puis peut être j'aime plutôt le terme fort, mais tu sais, mettons que ça m'en prend beaucoup, me faire mettre un genou à terre, là, j'ai la couenne dure, je suis résilient et je suis persuadé pis ça bien, quand t'as vécu des choses comme ça, comme des problèmes de santé ou quoi que ce soit, quand t'arrives devant des problèmes de la vie qui sont plutôt insignifiants, tu ne vois pas ça si gros que ça. C'est peut-être ça qui m'a donné une espèce de résilience. Puis dans le show, il y a aussi que oui, dans la vie j’ai le diabète, il faut que je calcule mes glucides, que je me pique, que je prenne des médicaments. Mais le une heure et demie que j'suis sur scène, ça bouge pas. Là, je suis chu béton. C'est la place que je suis le plus en pleine possession de mes moyens. C'est quand j'ai un micro dans les mains et que je dis des blagues. Tu sais, il y a le côté invincible qui vient mais à double sens, que je suis très vulnérable. Mais elle, d'un autre côté très invincible. Pis c'est mon premier show et tu sais, j'ai tout mis du matériel qui datait que j'écrivais depuis des années. C'est pas mon « best of » mais un peu de tout ça dans ce show-là.
Je dois en rire. L’autodérision, mais sans la déformer ni penser que ce n'est pas important. Je pense que cette ouverture a permis aux gars proche de moi de me parler plus facilement. Je suis peut-être mieux placé pour comprendre un peu les difficultés avec mon passé Mes amis, ceux qui me sont proches, savent très bien que s'ils ont besoin de parler, s'ils ont besoin de venir me voir, s'ils ont besoin de discuter, que quand le téléphone sonne, je répondrai toujours, je répondrai toujours être là pour eux.
Un de mes amis à le cancer de la prostate. Il y a quelque chose à apprendre de ce gars là, dans sa joie et sa persévérance. Même lorsqu'il est malade, il continue à faire ce qu'il aime. Continue à partager avec les gens. Je l'ai vu dernièrement. Il est de bonne humeur, il rit. Tu sais il y a quelque chose de très beau là dedans, très résilient. Je peux pas l’aider concrètement dans la vie à combattre. C'est son combat à lui. Je me suis dit que peut être ça pouvait aider les autres qui s'en vont dans le même combat. Il y a quelque chose à apprendre de ce gars là, dans la joie, dans la persévérance…. Même malade, il continue à faire ce qu'il aime. Et ca rend des gens heureux…
L'amour, le rire, tout va bien. Dès le début, même pour quelqu'un qui n'est peut-être pas capable de guérir, l'amour, la joie, le rire, le bonheur. Ce sera toujours un baume, un remède. Remède ne signifie pas ici guérir de quelque chose, mais cela signifie surtout de peut-être moins souffrir de quelque chose, puis en rire, en pleurer aussi. Je n'ai peut-être pas le luxe de me laisser pousser la moustache pendant le Movember, mais je suis capable de faire des blagues pour apporter de la joie et lancer des conversations. Donc, je continuerai à le faire pendant Movember et au-delà.