4 juillet, 2015

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Annonce des Subventions de découverte 2015
Où va l'argent
13 MIN À LIRE

Quatorze chercheurs canadiens avant-gardistes dans le domaine du cancer de la prostate ont vu leur innovation récompensée par des Subventions de découverte Movember, financées par la Fondation Movember, par le truchement de nos amis de Cancer de la Prostate Canada (CPC). Chacune des subventions peut représenter jusqu’à 200 000 $.

Travaillant dans divers établissements du pays, les titulaires des subventions de cette année et leurs équipes abordent collectivement un large éventail de sujets, dont les nouveaux biomarqueurs diagnostiques, les cibles des traitements et des analyses économiques.

Lisez ci-dessous une description et le but de chaque projet :

Ivan Topisirovic, Hôpital général juif, Montréal
La communication entre les cellules situées dans deux compartiments de la prostate – l’épithélium et le stroma – est importante pour son fonctionnement normal, mais peut également influencer l’apparition et la propagation du cancer de la prostate. On pense que cette communication est, en partie, la raison pour laquelle certains hommes ont des cancers virulents qui progressent rapidement, tandis que chez d'autres, le cancer ne réagit pas de cette manière. Pour mieux comprendre le processus du développement du cancer, et en collaboration avec une équipe d’experts internationaux (MM. Hutmacher, Furic et Larsson), Dr Topisirovic a mis au point une « prostate artificielle » pour aider à comprendre le mode de communication entre les compartiments de la prostate et concevoir des outils de surveillance et de contrôle de cette communication. Cette information pourrait nous aider à savoir quand reporter les traitements radicaux dans les cas où le cancer est moins virulent et peut également aider à bloquer la communication pour améliorer les traitements actuels, dans le cas des cancers avancés de la prostate.

Dominique Trudel, Centre de recherche du Centre hospitalier de l'Université de Montréal et
Frédéric Leblond, École polytechnique de Montréal et Centre de recherche du Centre hospitalier de l'Université de Montréal, Montréal

Une biopsie de la prostate devrait fournir de l’information qui oriente les décisions concernant les traitements. On a cependant constaté qu’il y a souvent un écart entre ce qui est détecté par une biopsie et ce qui est en fait présent dans la prostate. Dre Trudel et M. Leblond, et leur équipe, cherchent à réduire la probabilité d’un diagnostic inexact en raison des lacunes inhérentes aux biopsies en intégrant la spectroscopie Raman au processus diagnostique. Les chercheurs examineront si la spectroscopie Raman, technique qui utilise les signaux lumineux, pourrait être un test additionnel qui accroîtrait l’information obtenue d’une biopsie, sans devoir extraire plus de tissu. Ces travaux fonderont les améliorations de la fiabilité des biopsies de la prostate et permettront ainsi de mieux informer à la fois le patient et le médecin de l’état du cancer dans la prostate.

Michel Tremblay, Université McGill, Montréal
L’évolution du cancer de la prostate est un processus complexe fortement influencé par les hormones telles que les androgènes. C'est ce qui explique que la thérapie est fortement concentrée sur le traitement anti-androgénique. Malgré cela, de nombreux cancers avancés continuent de se développer même si les hormones ne sont plus là pour les faire croître.  L’équipe de M. Tremblay explorera de nouveaux moyens de détecter et de traiter les cancers androgéno-dépendants à haut risque avant qu’ils ne deviennent androgéno-indépendants. Elle examinera une série de gènes qui causent le cancer et coamplifiés présents et contrôlés par les androgènes dans le cancer de la prostate. À partir de ces résultats, l’équipe de M. Tremblay s’efforcera d'établir si ces mutations génétiques peuvent déterminer si un cancer sera virulent et si elles peuvent également servir de fondement à une nouvelle cible dans le traitement du cancer de la prostate à un stade avancé.

Jian Hui Wu, Hôpital général juif, Montréal
L’immunothérapie est devenue une option thérapeutique pour les patients atteints de cancer de la prostate, car le système immunitaire est stimulé pour lutter contre les cellules cancéreuses de la prostate. M. Wu et son équipe proposent de mettre au point de nouveaux composés chimiques qui peuvent provoquer cette réaction immunitaire puissante. Il est déjà prouvé que la structure protéique STING peut engendrer une réaction antitumorale dynamique et l’équipe de M. Wu espère réussir à favoriser cette réaction chez des patients humains. Actuellement, les composés qui activent la STING chez les souris ont montré qu’ils avaient un effet antitumoral spectaculaire, mais le composé particulier utilisé ne peut pas activer la STING humaine. M. Wu et son équipe travailleront à l’élaboration de composés qui activeront la STING humaine et appliqueront les résultats des souris aux hommes.

Alice Dragomir et Armen Aprikian, Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill, Montréal
Mme Dragomir, Dr Aprikian et leur équipe effectueront une analyse de rentabilité exhaustive d’un certain nombre de nouveaux tests qui semblent prometteurs sur le plan clinique pour ce qui est du dépistage, du diagnostic ou du traitement du cancer de la prostate, mais que les centres médicaux n’utilisent pas couramment ni au Canada ni à l’étranger en raison d’un manque de preuves de leur coût-efficacité. En prouvant le coût-efficacité des interventions, l’équipe vise à orienter la prise de décisions et à contribuer à accroître l’accès aux nouveaux progrès du dépistage et du traitement du cancer de la prostate. On s'attend à ce que les résultats de cette étude améliorent les décisions cliniques, l'optimisation des soins de santé, influencent les décisions en matière de politique de santé et augmentent l'autonomie des patients.

Cheryl Helgason, BC Cancer Agency, Victoria
Les travaux de Mme Helgason sont axés sur l’ARN (matériel génétique) incapable de produire des protéines et qu’on pensait auparavant peu important. L’équipe de Mme Helgason a découvert qu’un ARN appelé PCAT18 est présent à des niveaux de loin supérieurs dans le cancer de la prostate métastatique. La chercheuse et son équipe évalueront maintenant cet ARN pour déterminer si sa désactivation bloque la croissance des cellules cancéreuses et si la mesure de sa présence peut servir d’outil diagnostique pour compléter ou remplacer le test de l’APS.

Julian Lum et Brad Nelson, BC Cancer Agency, Victoria
MM. Lum et Nelson, et leur équipe, se concentreront sur l’immunothérapie, traitement par lequel le système immunitaire d’un patient est entraîné à cibler précisément les cellules cancéreuses. Le traitement des cas de cancer de la prostate à haut risque est souvent l’hormonothérapie jumelée à la radiothérapie. L’équipe a cependant découvert que 30 % des patients traités de cette manière développent une réaction immunitaire et qu’un pourcentage étonnant de 71 % de ces patients ont une récidive du cancer après moins de temps. Ces constatations donnent à penser que l’hormonothérapie et la radiothérapie peuvent mener à des réactions immunitaires néfastes qui peuvent entraîner une récidive plus rapide. L’équipe examinera les questions nécessaires du comment et du pourquoi l’hormonothérapie et la radiothérapie provoquent des réactions immunitaires néfastes et mettront à l’essai des approches immunothérapeutiques capables d’inverser ce résultat non voulu.

Roger Zemp, Université de l’Alberta, Edmonton
La virulence du cancer de la prostate est difficile à évaluer avec exactitude aux premiers stades et il faut absolument mettre au point un test qui prédira la virulence possible du cancer de la prostate chez un patient. Une approche consiste à mesurer les cellules tumorales en circulation (STC) dans le sang d’un patient. M. Zemp et son équipe travaillent à la mise au point de tests sanguins qui utiliseront la nanotechnologie pour cibler les biomarqueurs dans le sang qui peuvent aider à établir rapidement ce diagnostic crucial et le plus exactement possible. Les travaux de M. Zemp visent à compléter, voire à remplacer le test de l’APS.
Gang Zheng, Princess Margaret Cancer Centre, Réseau universitaire de la santé, Toronto
La technologie des microbulles est traditionnellement utilisée en imagerie ultrasonique pour détecter les différences entre les tissus. L’équipe de M. Zheng a observé que dans les tumeurs, une microbulle particulière qu’elle a mise au point peut être convertie en nanoparticules qui peuvent tuer les cellules cancéreuses lorsqu’elles sont activées par une source lumineuse spéciale. L’équipe de M. Zheng utilisera ce nouveau concept pour mettre au point une stratégie de traitement adaptée précisément aux patients dont le cancer de la prostate a récidivé, mais ne s’est pas propagé, après une radiothérapie radicale. 

Tommy Alain, Hôpital pour enfants de l’Est de l’Ontario, Ottawa
Un moment crucial du cancer est celui du dérèglement des processus normaux qui régulent la prolifération des cellules. M. Tommy Alain et son collègue, M. Bruno Fonseca, étudient un nouveau régulateur génétique appelé LARP1 qui protège les cellules normales de la prostate pour les empêcher de devenir cancéreuses. MM. Alain et Fonseca visent à mieux comprendre d'abord comment ce régulateur empêche les cellules de se multiplier de manière incontrôlable; de nouvelles connaissances sur ce processus peuvent fournir des renseignements importants qui pourront au bout du compte être utilisés pour concevoir des traitements novateurs du cancer de la prostate. Leurs études pourraient assurer des progrès importants dans la mise au point d’agents anticancéreux efficaces dans le futur.

Robert Hamilton, Princess Margaret Cancer Centre, Réseau universitaire de la santé, Toronto
La prévention du cancer éliminerait le fardeau physique et émotionnel que doivent porter les patients et leurs familles, de même que le coût financier pour le système de santé. On sait cependant peu de choses sur la prévention du cancer de la prostate. Dr  Hamilton et son équipe examineront de près les 5-ARI – des médicaments utilisés pour les hommes dont la prostate a grossi, ce qui peut prévenir le cancer de cette glande. Même si des faits probants montrent que ce médicament réduit le risque de cancer de la prostate, d’autres montrent que ceux qui développent un cancer de la prostate alors qu’ils prennent le médicament auront une forme plus virulente de la maladie. En comparant les caractéristiques moléculaires et le comportement des cancers de la prostate chez les hommes qui ont pris le médicament par opposition à ceux qui n’en ont pas pris au fil du temps, Dr  Hamilton et son équipe pourront, selon leurs résultats, soit remettre en question l’utilité d’utiliser le médicament pour traiter l'augmentation de la prostate, soit en recommander l’utilisation pour prévenir le cancer de la prostate.
 
Stanley Liu, Sunnybrook Research Institute, Toronto
La radiothérapie est un traitement bien établi du cancer de la prostate. Chez près d’un tiers des patients, toutefois, le cancer peut récidiver. L’équipe du Dr  Liu se concentrera sur le rôle des microARN (fragments de matériel génétique) dans les cas où le cancer de la prostate a développé une résistance à la radiothérapie, souvent pour devenir en même temps plus virulent. En comparant les biopsies de plusieurs patients, à la fois avant les traitements de radiothérapie et après la récidive du cancer de la prostate, l’équipe déterminera quels microARN ont été considérablement altérés. L’équipe pourra de cette manière déterminer plus facilement lesquels sont prédicteurs de la récidive d'un cancer et quels gènes les contrôlent. Les connaissances acquises grâce à cette information nous permettront de mieux comprendre comment les microARN fonctionnent dans la résistance à la radiothérapie du cancer de la prostate et de déterminer lesquels sont utiles comme biomarqueurs de diagnostic chez les patients.

Franco Vizeacoumar, Université de la Saskatchewan, Saskatoon
Malgré des progrès récents dans la compréhension de la biologie du cancer de la prostate, on manque encore de cibles confirmées pour les médicaments, en particulier pour le cancer avancé de la prostate. L’équipe de M. Vizeacoumar vise à mettre à profit un phénomène appelé « létalité du dosage synthétique », qui explique les cas où une combinaison spécifique de mutation dans deux ou plusieurs gènes mène à la mort cellulaire, dans la mesure où l’un des gènes est une altération génétique qui cause le cancer. L’équipe a identifié plusieurs cibles possibles qui, lorsqu’elles sont déclenchées, peuvent provoquer ce phénomène, ce qui entraîne la mort des cellules. Si ce projet est fructueux, il mènera à de nouvelles thérapies ciblées du cancer de la prostate.

Alexander Wyatt et Kim Chi, Université de la Colombie-Britannique et Vancouver Coastal Health Research Institute, Vancouver
Même s’il existe plusieurs nouveaux médicaments pour traiter le cancer avancé de la prostate, le cancer de chaque patient peut réagir différemment à chacun des traitements. Comme certains changements génétiques permettraient peut-être de prévoir ces réactions, M. Wyatt et Dr Chi, et leur équipe, se fonderont sur leurs travaux précédents d'analyse de l’ADN dans le sang de patients atteints de cancer avancé de la prostate. Ils détermineront si la présence ou l’absence de changements génétiques particuliers peut prédire si les patients répondront au traitement et comment ils y répondront. Nous pourrons ainsi mieux comprendre pourquoi certains cancers résistent aux médicaments et les résultats nous guideront dans l’élaboration d’un test qui aidera à choisir le meilleur traitement possible pour chacun des patients.